
«En photographie comme en finance, il faut arpenter le terrain et saisir l’instant» affirme Michel Juvet qui, en marge de ses devoirs d’Associé de la banque Bordier, vit une seconde passion depuis des années. Points communs: savoir se faire discret, savoir établir un rapport de confiance avec l’autre, savoir capturer les moments clés. Entretien.
Un peu par hasard. Le voyage en Afrique s’est déroulé dans le cadre d’une mission mandatée par le Conseil fédéral à laquelle j’ai participé en tant que membre de la Commission consultative de la coopération internationale. Je n’avais pas prévu de publier mais simplement de recueillir des témoignages, en mots et en images. La construction du livre n’est venue que par la suite.
Encore un hasard, avec la rencontre fortuite en 2013 à Turin de trois personnages – un metteur en scène napolitain, un chef d’orchestre australien, un costumier romain - qui voulaient recréer un opéra du compositeur vénitien Francesco Cavalli, jamais produit depuis le 17ème siècle. Avec Allison Zurfluh, auteur des textes, nous avons suivi la reconstruction de l’œuvre de Rome à Milan et jusqu’au lever de rideau de la première à Charleston aux Etats-Unis. Une épopée qui s’est déroulée sur plus de huit mois.
En y consacrant mes vacances, mes week-ends et l’essentiel de mon temps libre. Je vis chaque passion à fond mais chacune a son temps propre. Notez que les deux partagent plus de points communs qu’on ne peut l’imaginer : une ouverture d’esprit permanente, l’aptitude à saisir l’inattendu. En photographie comme en finance, il faut arpenter le terrain et saisir l’instant. C’est le principe du chasseur. Toutefois, je ne suis réellement venu à la photographie qu’avec l’arrivée du numérique qui permet l’instantanéité. L’argentique, ses chambres noires et ses temps de développement: très peu pour moi.
Effectivement…
La Suisse reste le premier centre international en termes d’actifs sous gestion. Malgré Hong Kong, malgré Singapour. Elle a passé le cap difficile de la résolution du passé de manière inattendue et a franchi, quoi qu’en disent les mauvaises langues, une bonne partie des pièges qui lui ont été tendus, démontrant ainsi une excellente capacité de résistance et d’adaptation. Même si une grande partie des postes de travail ont été créés à l’étranger, les banques suisses continuent de croître. Tout comme les sociétés exportatrices et malgré le choc de la montée du franc.
sans impacter la croissance et l’immobilier.
Là aussi, la situation évolue dans le bon sens, mais il y a d’autres enjeux aussi importants.
En termes de politique monétaire, la Suisse s’est adaptée aux taux de change défavorable. Désormais, avec une croissance forte et un taux d’inflation de l’ordre de 1%, la Banque nationale suisse va avoir fort à faire pour remonter les taux sans impacter la croissance et l’immobilier. Je pense que nous assisterons à une accélération du volet macro-prudentiel.
Je ne m’attends à aucun accord pour faciliter l’ouverture du marché européen au secteur financier suisse. Il n’y aura pas de « passeport européen », malgré LSFin, malgré LEFin. Les relations avec l’UE restent une bouteille à encre. Tout autant que celles encore à définir avec la Grande-Bretagne. Reste à savoir si le délai supplémentaire accordé aux négociations entre l’UE et la Grande-Bretagne sera une opportunité pour la Suisse ou non. L’Europe change. L’ère des Juncker et des Moscovici est révolue. Les prochaines élections européennes mèneront à un assouplissement des politiques européennes qui lâcheront du lest sur les déficits budgétaires. Les populistes ont déjà, de fait, gagné une première bataille.
de leurs clients à prendre des risques.
C’est un vrai défi pour les Suisses qui devront revoir leur façon de travailler lors de la prochaine forte baisse des marchés et ré-identifier les capacités de leurs clients à prendre des risques. Avec ces nouvelles règles, la réaction des clients qui auront été amenés dans des zones de risque mal adaptées à leur connaissance des marchés et des produits sera bien plus violente qu’elle ne l’a été en 2008. Cette complexification exigera une formation continue dans la finance comme dans les autres métiers. C’est la raison pour laquelle je juge indispensable les cours tels que ceux dispensés par l’ISFB. D’autant que l’évolution ne se limitera pas à la réglementation. Avec l’arrivée de la fintech, ce sont des métiers qui vont disparaître et de nouveaux métiers qui vont naître dans la banque. Le dialogue tripartite entre Etat, banques et employés en matière de formation sera la clef des succès de l’avenir.