L’histoire fascinante de l’asset management revue par T. Rowe Price qui a ouvert ses vastes archives à Allnews.
Dans la première partie de cette série, nous nous sommes penchés de plus près sur l’évolution du secteur financier pendant et après la Grande Dépression. Avant 1940, le domaine de la gestion d'actifs était peu structuré et certains acteurs opéraient dans des zones grises. Cependant dès 1940, des règles ont été mises en place afin de mettre de l'ordre dans un secteur autrefois peu transparent. Il est temps de passer à la suite et notamment d’aborder l'industrie florissante des années 1950 et 1960.
Les années 1950 et 1960 sont considérées comme les années prospères de l'économie américaine. Les États-Unis ont alors une puissance militaire, la plus importante au monde. Son économie est en plein essor et les fruits de cette prospérité - voitures neuves, maisons de banlieue et autres biens de consommation - sont accessibles à un plus grand nombre de personnes comme cela n’avait jamais été le cas auparavant. Bien que les années 1950 soient également une époque de grands conflits, les taux de chômage restent faibles. De nouveaux emplois sont créés dans les secteurs florissants de la manufacture et de la construction.

1950 a également été la première année rentable pour T. Rowe Price, une petite société de gestion d'actifs à Baltimore fondée en 1937. T. Rowe Price a ouvert ses archives exclusivement aux lecteurs d’Allnews et accompagne la série d’épisodes en l’illustrant avec des documents historiques. Si l’on compare T. Rowe Price avec d'autres gestionnaires d'actifs de l'époque, ce dernier présente de solides résultats avec de surcroît des principes déontologiques plus rigoureux. Cette philosophie contraint la société à progresser plus lentement que ses concurrents. Cependant l'entreprise est à même de mieux résister aux turbulences financières que traversent bon nombre de ses confrères.
La situation économique s’est considérablement améliorée après 1950. De ce fait, T. Rowe Price a réussi à accroître le nombre de ses clients au cours de la décennie suivante. En 1951, T. Rowe Price a ainsi pu signer son premier client institutionnel. Son premier fonds commun de placement a été lancé sur le marché en 1950. Alors que l'entreprise comptait 4 employés dans les années 1940, le nombre est passé à 15 personnes au cours des années 1950. Puis afin de répondre à l’afflux de clientèle au début des années 1960, T. Rowe Price recrute une nouvelle équipe d’analystes pour sa recherche et de directeurs de relations clients, dont bon nombre sont restés au sein de l'entreprise jusque dans les années 1990.
Théorie du portefeuille moderne, diversification et actions axées sur la croissance
En 1952, Harry Markowitz développe la «Théorie du portefeuille moderne». Cette théorie met l'accent sur la diversification. Markowitz a été le premier à formaliser la mesure du risque et du rendement de portefeuille dans un cadre mathématique cohérent, qu'il a ensuite élargi. Reconnaissant que la mesure du risque et du rendement de portefeuille n'était qu'une première étape, Markowitz a instauré une méthodologie pour constituer des portefeuilles en tenant compte du rendement prévu et des caractéristiques de risque des actifs sous-jacents ainsi que de l'appétit de l'investisseur au risque. Le résultat, appelé communément la «Théorie du portefeuille moderne», a transformé la construction d'un portefeuille vers la science et non plus vers l’art", explique François-Serge Lhabitant dans son analyse scientifique. Cette nouvelle théorie établie a amené Harry Markowitz et ses associés William Sharpe et Merton Miller à recevoir le prix Nobel des sciences économiques en 1990.

La diversification est désormais utilisée par les analystes de sociétés de gestion d'actifs pour obtenir un meilleur rendement pour un certain niveau de risque. Le risque est défini comme étant la volatilité du rendement. Si certains gestionnaires d'actifs ont connu une évolution de leurs processus, d'autres, comme T. Rowe Price ou JP Morgan Chase, adhèrent toujours à la théorie et utilisent la diversification comme principal outil de gestion financière.
Au milieu des années 1930, Thomas Rowe Price développe de surcroît une "théorie des actions axées sur la croissance". L'action de croissance est définie comme "l'action d'une société dont l’augmentation des bénéfices est plus rapide que la moyenne et dont on s'attend à ce qu'elle continue à maintenir son rythme". Cette théorie a rendu Price célèbre et bien connu dans toute l'industrie, explique Emily Davidson, archiviste chez T. Rowe Price.
Entre 1950 et 1960, T. Rowe Price a connu une croissance encore plus importante, bien que plus lente que celle des concurrents tels qu’Alex Brown ou JP Morgan Chase. Mais c'était la volonté de la direction des gestionnaires d'actifs. T. Rowe Price s’est concentrée sur les gains à long terme plutôt que sur les profits à court terme. En 1960, la décision a été prise de recruter plus de personnes. La même année, le deuxième fonds a été lancé sur le marché, dix ans après le premier. Bien que l'entreprise ait un petit bureau de cinq employés à New York, le siège social reste à Baltimore. La direction de T. Rowe Price ne voyait pas encore le besoin de se développer davantage. Il faudra encore attendre 10 ans pour que la société de Baltimore fasse évoluer ses activités à l’international.

Mais ce n'est pas la fin de cette histoire passionnante. Dans le prochain épisode de cette série, nous nous pencherons sur l'expansion des États-Unis vers l'Europe. Comment la gestion d'actifs s'est-elle développée par rapport aux encours? Comment l'évolution a-t-elle été influencée par des événements majeurs du monde financier? A suivre donc!
https://www.kiplinger.com/article/investing/T031-C032-S014-are-you-investing-like-it-s-the-1950s.html
https://www.jpmorganchase.com/corporate/investor-relations/document/am_investor_day_2017.pdf
https://www.sec.gov/news/speech/speecharchive/1997/spch199.txt
https://www.palgrave.com/gp/book/9783319847580#aboutAuthors